Une "pausa bucolica" dans mon travail d'artiste :
Ce dimanche, j’avais décidé de m’octroyer une pause dans mon travail d’artiste- où j’écris beaucoup en ce moment, notamment pour ce blog, et j’avais besoin de me nourrir un peu d’autres choses de et recharger mes batteries.
Et il y a quelques semaines déjà, j'avais découvert une poétesse qui écrit divinement bien, mais qui également conte bien. et régulièrement : j'ai nommé Julie Dratwiak qui partage avec passion et simplicité les trésors de la poésie mystique et des grands enseignements spirituels, dans le cadre de son association et sa chaîne youtube "Le Jardin des Oeuvriers".
Le jardin des oeuvriers ? C'est un peu semblalble à la vida de trobairitz, celui qui cherche et finit parfois par trouver !
C'est un clin d'œil aux jardins ouvriers ; ces jardins familiaux, communautaires, que les municipalités mettaient à la disposition des familles modestes afin de leur permettre un certain équilibre social et une autosubsistance alimentaire.
Car si l'homme a indubitablement besoin de nourritures terrestres pour soutenir son corps physique, une attention particulière doit également être accordée aux nourritures célestes nécessaires à son être intérieur.
Julie Dratwiak nous invite à plonger au cœur de l'expérience personnelle, à transcender les frontières des croyances préétablies et à découvrir des vérités significatives.
Nourriture du corps et de l'esprit ?
C'est une phrase que j'aime bien utiliser à propos de mon travail de chanteuse en patois, car le patois a bien souvent été la langue des payans, plus que jamais nécessaires de nos jours pour bien vivre : le paysan s'occupe de nourrir les corps, l'artiste nourrit les esprits et les âmes.
Depuis quelques semaines donc, en jardinant souvent, j’écoutais ces lectures de textes spirituels et mystiques, poétiques, à propos de la vie à propos de la Foi à propos de l’Amour.
Ces lectures me rendent incoyablement calme, je me sens exactement sur la même longueur d’onde, je réalise que seuls ces grands textes, en cette période de ma vie, m'apportent la paix intérieure.
J’ai découvert avec cette femme, Julie Dratwiak, une dimension poétique qui me met véritablement le sourire aux lèvres et qui me fait me sentir parfaitement en paix, puisqu'elle raconte des choses que j’ai toujours vues et ressenties, de la manière la plus simple qu'y soit : je me sens moins seule, et moins en décalage avec le brouhaha du monde et son côté parfois superficiel dans la satisfaction des besoins primaires et des vies où l'on a peur d'aller en profondeur.
Je vous partage le premier poème que j'ai écouté, pour moi, Julie est une véritable TROBAIRITZ :
Sur le toit du palais d’Amour" est un titre inspiré d’un vers d’un poème de Rûmi. Parce que bientôt ce sera notre victoire, celles des poètes, des grands amoureux.
Celui-ci aussi, que j’aime beaucoup, qui vous permettra de découvrir sa chaîne, regorgeant de trésors :
La Révélation du " parfait Amour de Dieu ".
" Écoute, ô bien-aimé !
Je suis la Réalité du monde, le centre et la circonférence,
J'en suis les parties et le tout.
Je suis la Volonté établie entre le ciel et la terre,
Je n'ai créé en toi la perception que pour être l'objet de Ma perception.
Si donc tu Me perçois, tu te perçois toi-même mais tu ne saurais
Me percevoir à travers toi. C'est par Mon œil que tu Me vois et que tu te vois,
ce n'est pas par ton œil que tu peux Me concevoir.
Bien aimé, tant de fois T'ai-Je appelé, et tu ne M'as pas entendu !
Tant de fois Me suis-Je à toi montré,et tu ne M'as pas vu !
de fois Me suis-Je fait douces effluves, et tu n'as pas senti,
nourriture savoureuse et tu n'as pas goûté.
Pourquoi ne peux-tu M'atteindre à travers les objets que tu palpes ?
Ou Me respirer à travers les senteurs ?
Pourquoi ne Me vois-tu pas ? Pourquoi ne M'entends-tu pas ?
Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Pour toi Mes délices surpassent toutes les autres délices,
et le plaisir que Je te procure dépasse tous les autres plaisirs.
Pour toi Je suis préférable à tous les autres biens.
Je suis la Beauté, je suis la Grâce.
Bien-aimé, aime-Moi, aime-Moi seul, aime-Moi d'amour.
Nul n'est plus intime que Moi.
Les autres t'aiment pour eux-mêmes : moi, Je t'aime pour toi,
et toi, tu t'enfuis loin de Moi.
Bien-aimé, tu me peux Me traiter avec équité,
car si tu te rapproches de Moi
c'est parce que Je Me suis rapproché de toi.
Je suis plus près de toi que toi-même, que ton âme, que ton souffle.
Bien-aimé, allons marchons vers l'union…
Allons main dans la main,
entrons en la présence de la Vérité, qu'elle soit notre juge
et imprime son sceau sur Notre union à jamais. "
Ibn ul-‘Arabî N
ou encore celui-ci, mondialement connu et pourtant l'on y gagne à encore l'écouter :
Bref...de quoi bien occuper vtre temps lorsque vous avez besoin de calme, de paix intérieure, de méditation...avant le silence.
L'occasion d'une rencontre
Après quelques semaines d’écoute régulière, je découvre que cette poétesse installée en Bourgogne vient à Menton raconter ses histoires, dans un jardin que je ne connais même pas et que j’allais découvrir par la même occasion.
Du coup je m’inscris immédiatement !
Un jardin à découvrir : le "Val Rhameh" ou "Vallon de la tranquillité" :
À Menton, dernière ville de la Côte d’Azur avant l’Italie, bambous de Chine et lotus indiens, faux kapokiers du Brésil, palmiers d’Australie et du Mexique, arbres à cannelle de Cayenne et autres fougères de l’île Maurice poussent avec exubérance, dans le jardin botanique du Val Rahmeh.
Le domaine été constitué au cours du XIXe siècle par une famille de la noblesse mentonnaise, les De Monléon. Il est alors composé de terres agricoles et d’une bâtisse datant de 1875.
En 1905, un général de sa gracieuse majesté la Reine Victoria s’installe sur la Riviera qui lui rappelle Malte dont il fut gouverneur : Sir Percy Radcliffe agrandit cette vieille bâtisse provençale et y plante une superbe allée de palmiers Caryota, qui accueillent toujours les visiteurs.
Il lui donne ce nom رحمه Rhameh, en arabo persan, en hommage à sa femme Rahmeh Theodora Swinburne.
Les propriétaires qui lui succèdent sont aussi des amoureux d’espèces rares, à l’image d’une très originale lady, Miss May Campbell, qui y vécut dans les années cinquante. Botaniste de formation, elle y collectionne les solanacées, particulièrement les daturas, d’où son surnom de Dame aux daturas.
Un très gracieux fouillis végétal s’installe alors.
« Il n’a jamais vraiment disparu depuis ! », sourit l’un des jardiniers.
Vendu en 1966 à l’État, désormais sous le contrôle du Muséum national d’histoire naturelle, le jardin s’est diversifié et a obtenu le label Jardin remarquable en 2014.
Sur plus d’un hectare cohabitent ainsi près de 1 500 taxons. Ici, une mini jungle tropicale ; là, le coin des cactus et celui des daturas, des bougainvilliers rouges et des érythrines ; là encore, les agrumes et les plantes médicinales : goyaves, bananiers des sages, acérolas, avocatiers, sapotes blanches, safran, lemongrass, cardamome, aloe vera, arganiers.
En contrebas, un beau bassin permet d’admirer lotus et nénuphars, dont le nénuphar très rare victoria d’Amazonie (Victoria amazonica ou Victoria regia), surnommé ainsi en hommage à la reine Victoria. Une merveille qui atteint dix centimètres de haut et deux mètres de diamètre en août.
Avec sa situation côtière idéale, ce « vallon de la tranquillité » est à la fois protégé des vents, hydraté par la mer et tempéré par une grande douceur, avec une moyenne annuelle de 16 degrés.
« Toute l’année, il y a abondance de couleurs et de fragrances», résume Sylvie Flamand, la Directrice.
Une magnifique journée
Isabelle Aubert, de l'association "Les Amis du Jardin du Val Rhameh", elle aussi a eu un coup de coeur pour Julie Dratwiak...qui vit en Bourgogne, et a décidé d'organiser cet après-midi poétique.
La poétesse vivant en Bourgogne, il a fallu un peu d'astuce pour pouvoir l'inviter sur una "dimenchada" (week-end) : une intervention à l'Hôtel Royal Westminster et une dans le jardin.
Comme quoi la poésie n'a pas de frontière de langue et a parfaitement sa place dans les plus beaux lieux.
Constat que j'aimerais aussi évident pour la poésie et la chanson occitanes.
Or, le fait que notre langue autocthone soit une langue minorée implique encore trop souvent, qu'on la cantone à des interventions dans un milieu folklorisant et figé, pendant des festins où personnes n'écoute les paroles, où l'artiste est simplement là pour amuser la galerie, mais on n'accorde pas d'importance au choix de ses mots et à la poésie.
Et je ne sais que trop bien de quoi je parle, alors qu'on me fait bien comprendre que je dois déjà bien "m'estimer heureuse" d'être dans la programmation !
J'ai évoqué ce problème politique dans ces deux articles :
Chez nous, sur la Côte d'Azur, les lieux magnifiques où elle pourrait s'exprimer et fleurir ne manquent pas : je retiens cela encore une fois pour mes démarches futures...d'autant plu que les locaux pour les touristes en redemadent toujours!
Voici donc quelques photos de ce magnifique moment, prises par une amie Martine Destandau, qui soigne "les personnes ayant du mal à digérer certaines épreuves de la vie", pas étonnant pour moi donc de la retrouver ici par hasard, "Vida de trobairitz", je vous disais :
Voici aussi quelques moments choisis de la ballade poétique, par mes soins :
A la fin de la ballade, nous pouvions choisir un poème dédicacé,
et voici celui que j'ai choisi :
"La danse des petits pas"
écrit et lu par Julie Dratwiak
D'autres rencontres :
J’ai rencontré aussi Hugue de la Touche, qui, comme je prenais des notes, me demanda ce que je faisais...et si j'étais journaliste.
Je lui ai répondu que j'étais aussi poète, une poètesse provençale, et de là il m'a dit qu'il s’occupait d’un groupe sur Menton pour préserver le patrimoine :
vous pouvez cliquer sur l'illustration pour vous y abonner !
Il était intéressé par cette histoire de "poésie et chansons occitanes", et m'a raconté que son propre fils avait pris l’option Occitan au Bac, et obtenu grâce à cela l'examen avec la mention "Très bien".
Je lui indique que dans ma génération, celui que je connais et qui est le plus grand spécialiste per "lo mentonasc" est Laurent Revest, le professeur d'Occitan.
Affaire à suivre, peut-être ?
En tous les cas, j'ai retenu aussi une phrase parmi les magnifiques textes entendus ce jour :
"Un écrivain est un menteur." de René Frégni
Et Julie rajoute :
"Un poète ne peut pas l'être."
Et cela aussi me parle...dans ma vida de trobairitz !
Un moment hors du temps, magique et inoubliable !
MERCI
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