Voici l'histoire de cette chanson rendue célèbre par Edith Piaf en 1937, afin de dénoncer l'esclavage des noirs africains :
Les premières plantations de canne à sucre, de cacao, de tabac et de coton des Amériques étaient entretenues et récoltées par des esclaves africains contrôlés par des maîtres européens. Lorsque l'esclavage africain fut largement aboli au milieu du XIXe siècle, le centre de l'agriculture de plantation se déplaça des Amériques vers la région indo-pacifique, où les populations autochtones et les serviteurs sous contrat furent contraints de cultiver la canne à sucre, le thé, le café et le caoutchouc.
À la fin des années 1800, une nouvelle série de plantations fit son apparition en Amérique centrale où des serviteurs asservis, principalement mayas, récoltaient des bananes et du café. Au cours des cent dernières années, l'agriculture de plantation s'est concentrée sur le Laos, le Myanmar et les grandes îles de Sumatra, Bornéo et la Nouvelle-Guinée.
La main-d'œuvre est essentiellement composée de travailleurs locaux forcés.
Les premières plantations de canne à sucre furent créées en 1432 après la colonisation portugaise de Madère sur la côte atlantique de l'Afrique du Nord.
Les Portugais découvrirent le Brésil en 1500, et il ne leur fallut que peu de temps pour commencer à y établir la canne à sucre. Le premier sucre fut produit en 1518, et à la fin des années 1500, le Brésil portugais était devenu le principal fournisseur de sucre sur les marchés européens.
L'essor de la production de sucre dans les Caraïbes alimenta une croissance massive de l'esclavage africain.
C'est ce que raconte la chanson : un esclave noir se demande pourquoi on l'a arraché à son pays pour l'emmener sur un bateau. Il préfère tenter de s'échapper et finit noyé en mer.
Les îles des Caraïbes étaient déjà habitées à l'arrivée des Européens, les occupants les plus nombreux étant les Arawaks (dont faisaient partie les Taïnos) qui se trouvaient dans la plupart des Grandes Antilles (Cuba, Jamaïque, Hispaniola et Porto Rico), et les Caribes qui résidaient dans les Petites Antilles.
Quelques décennies après l'arrivée de Christophe Colomb (1451-1506), les Taïnos étaient presque éteints en raison de leur traitement brutal et cruel, et de leur sensibilité aux maladies apportées par les Européens.
C'est ainsi que l'esclavage a véritablement commencé, une fois les populations locales exterminées : canne à sucre, café, coton...
jusqu'au milieu du 19ème siècle en France.
L'abolition de l'esclavage :
En 1848 : l'abolition définitive est prononcée en France et dans les colonies françaises et 250 000 esclaves noirs ou métis aux Antilles, à la Réunion et au Sénégal sont ainsi libérés.
Le décret du 27 avril 1848 interdit absolument « tout châtiment corporel, toute vente de personnes non libres ».
A l'époque ou Edith Piaf interprète cette chansons, l'esclavage n'est pas encore aboli dans de nombreux pays du globe, et il existe encore jusqu'à la fin du 20ème siècle, malgré en 1948 l' article 4 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, confirmée par la convention de 1956 :
Edith Piaf était donc bien courageuse de chanter cette chanson avec les termes de l'époque ("pauvre nègre" était encore couramment employé) et tenter d'utiliser sa notoriété mondiale pour faire avancer ses idées humanistes dans le monde.
Voici la version originale de cette chanson :
C'était la petite histoire de la chanson à textes "Le grand voyage du pauvre nègre"...
Retrouvez les paroles et les liens pour écouter la version de Zine en cliquant sur l'image :
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